DESNOS Robert Biographie Nombre de consultations 3632 FOCUS Desnos et le SurréalismeDesnos sous l'Occupation 2 Sujets 2 articles le Sam 13 Nov 2010 0915 Ce Coeur qui haïssait la guerre Analyses 1 Sujets 7 articles le Lun 7 Déc 2020 1640 C’est les bottes de sept lieues cette phrase je me vois» Les Gorges froides 1 Sujets 2 articles le Ven 2 Mai 2008 2209 Destinée arbitraire BagatelleCe Coeur qui haïssait la guerreDemain 3 Sujets 6 articles le Jeu 23 Jan 2020 2320 Langages cuits C'était un bon copain 1 Sujets 3 articles le Mar 18 Fév 2020 1833 Corps et biens Présentation du recueilÈtude globaleJ'ai tant rêvé de toiNon, l'amour n'est pas mort 4 Sujets 10 articles le Ven 28 Jan 2022 2259 Contrée La PesteLa Voix 2 Sujets 5 articles le Sam 14 Avr 2012 1956 L'Honneur des poètes Le Legs 1 Sujets 3 articles le Jeu 9 Juin 2011 1647 À la mystérieuse Les Espaces du sommeil 1 Sujets 2 articles le Mar 15 Juin 2010 1935 État de veille Complaintes de la rue Saint-Martin -Demain - 2 Sujets 5 articles le Ven 31 Déc 2021 0825 Aller à
LEPOST POETIQUE DE TIMOTHY ADES Voici encore notre ami le poète-traducteur britannique Timothy Adès Le 8 juin 2020 est le 75e anniversaire de la mort de ROBERT DESNOS, victime du typhus au camp de
La cérémonie du 8 mai a revêtu un caractère quelque peu particulier à Trilport cette année. Nous avons réparé un oubli de plus de 126 ans; le fronton de la Mairie inaugurée en 1890, le bâtiment accueillait alors la Maison communale » et l’école des garçons », arbore pour la première fois de son histoire les trois valeurs de la devise républicaine. Cette réalisation marque la dernière étape d’une rénovation totale de ce bâtiment, qui s’est étalée sur plus de cinq ans, au rythme de nos finances. Petite fierté, elle est entièrement Made in Trilport », estampillée circuit court ». Le modèle, les gabarits des lettres et le choix de la police de caractères ont été élaborés en interne avec nos communiquants, la réalisation en 3D étant l’oeuvre d’une entreprise Trilportaise spécialisée en tôlerie et la pose assurée par les agents communaux. Liberté, Egalité, Fraternité », trois mots simples et lumineux, qui nous rappellent simplement, d’où nous venons, qui nous sommes et où nous devons aller ! Des valeurs intemporelles prenant encore plus de sens et de résonance aujourd’hui, notamment lors d’une double commémoration comme celle du 8 et du 9 2010, 10 ème anniversaire de notre jumelage avec Engen, nous célébrons le même jour, la commémoration de l’armistice du 8 mai 1945 et la journée de l’Europe. Deux dates intimement liées par les liens du sang de l’Europe politique est le fruit de la tragédie qu’a été la seconde guerre mondiale, de la nécessité absolue pour nos différents pays de se réconcilier après la mort de tant de victimes, civiles ou militaires, du souvenir de l’horreur de la Shoah et des exactions de l’idéologie Nazie. L’Europe est une réponse d’espoir en l’avenir, face au néant de ces années sombres. Elle ne peut se réduire à un drapeau cerclé de 12 étoiles dorées flottant au vent, qui symbolise la solidarité et l’harmonie entre nos peuples; un cercle ouvert s’il en est, tant nous devons nous ouvrir au monde, ni au magnifique hymne composé par Beethoven, encore moins aux subventions glanées de ci de là, règlementations innombrables, relations commerciales, monnaie commune, bureaucratie qui semble loin de tout … L’Europe est avant tout et surtout un modèle unique de démocratie, de solidarité, de protection sociale, de culture, véritable oasis de paix et de bonheur aux yeux de tous les pays du globe. Pourtant aujourd’hui, beaucoup d’européens doutent cruellement, ils n’ont plus foi en l’Europe … Il est temps que cette dernière se mette à la hauteur de tous, qu’elle parle enfin aux citoyens et non plus aux seules élites. Le 8 mai, nous rappelle éxonérablement d’où nous partons … La haine, la colère, le ressentiment, le sentiment de vengeance, le repli sur soi, les vagues brunes du nazisme et des égoïsmes nationaux qui déferlaient sur le continent… C’était aussi l’Europe, mais d’avant; celle malheureusement vers laquelle tanguent et tendent aujourd’hui certains pays d’Europe Centrale. Les jeunes générations pensent que la paix va de soi, alors qu’elle est si fragile, trop considèrent l’Europe comme superflu, voir inutile … Nous ne devons jamais oublier que derrière les nationalismes exacerbés, les égos hypertrophiés des nains qui se prennent pour des géants, la peur de l’autre, la recherche de boucs émissaires, se profilent les guerres d’hier, celles d’aujourd’hui et peut être de demain … Il nous faut, porter un nouveau projet pour l’Europe, qui s’adresse à tous, notamment aux plus humbles, à ceux qui se sentent exclus, l’associer aux idéaux de paix, de solidarité, mais aussi de prospérité, d’avenir commun et partagé, afin que tous ces citoyens qui doutent, aient foi de nouveau en l’avenir, dans un monde en mouvement qui si lEurope n’est pas au rendez vous, nous annihilera… Il faut que nos cœurs haïssent la guerre, comme l’a si bien écrit Robert Desnos, poète français et résistant, déporté à Buchenwald, mort du typhus, un mois seulement après la libération de son camp … Que nos cœurs haïssent la guerre, mais plus que tout, battent pour la Liberté, et je serais tendais de dire pour un avenir commun, partagé et plus souriant … Encore faut il agir pour le construire. Ces commémorations servent aussi à semer des graines d’action. Ce coeur qui haïssait la guerre Ce coeur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille ! Ce coeur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine. Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat. Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos. Mais non, c’est le bruit d’autres coeurs, de millions d’autres coeurs battant comme le mien à travers la France. Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces coeurs, Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! Pourtant ce coeur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères Et des millions de Francais se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera. Car ces coeurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit. Robert Desnos L’honneur des Poètes » Minuit, 1946
Pourtantce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera. Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons
Salut à toi de faire l'analyse linéaire de ce poème, cependant je peut toujours t'aider à organiser tes idées. Déjà, t'es tu renseignés sur l'auteur, le mouvement littéraire, le thème, le registre, le type et le genre de ce texte ? T'es tu penchés sur sa structure ? Ces éléments sont essentiels pour pouvoir répondre aux deux questions qu'il t'es posés. Par la suite, lignes par lignes tu relèves les procédés que tu as appris en cour. Exemple le titre est lui même un procédé, qui souligne l'opinion du poète. Puis c'est à toi de trouver chaque procédé afin de montrer quel effet il donne au lecteur. Ainsi tu pourras établir ta problématique et organiser ton plan
1Un coeur qui bat. Ex: "Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne". Le poème "Ce coeur qui haissait la guerre" porte sur la Résistance. Il a été écrit par Robret Desnos en 1943. On distingue plusieurs thèmes, le premier exprime le coeur qui bat. Dans ce texte, le mot "coeur" est répété 7
Le matin du 22 février 1944, Robert Desnos est arrêté chez lui, 19 rue Mazarine, par trois agents de la Gestapo. Quelques minutes auparavant, il avait reçu un appel téléphonique des bureaux du journal "Aujourd'hui", pour le prévenir que la Gestapo le recherchait. Pourtant il ne cherche pas à fuir, il veut protéger sa compagne Youki Lucie Badoud. La Gestapo a arrêté le même jour un compagnon de résistance de Desnos, le jeune poète André Verdet, du mouvement "Combat". Desnos est engagé dans la résistance, au sein du réseau "Agir". Ce réseau se consacre à la collecte d'informations transmises ensuite aux services secrets alliés, notamment sur la localisation et l'identification des unités de l'armée allemande en France, sur les défenses allemandes des côtes de la Manche. Son travail au journal "Aujourd'hui" permet à Desnos de recevoir des informations destinées à la presse avant censure. Desnos fabrique aussi de fausses pièces d'identité aide aux membres du réseau et aux juifs menacés par les rafles. Desnos est lié à la presse et aux éditions clandestines Editions de Minuit. Il publie sous de faux noms des poèmes pour l'anthologie "L'Honneur des poètes". en 1943, "Ce coeur qui haïssait la guerre", sous le pseudonyme de Pierre Andier ; le 15 février 1944, une semaine avant son arrestation, il écrit "Le veilleur du Pont-au-Change", sous le pseudonyme de Valentin Guillois, poème publié le 1er mai 1944. Il cache aussi chez lui un réfractaire au Service du Travail Obligatoire Mais Desnos est sans doute arrêté pour d'autres raisons ses articles et prises de positions publiques contre l'occupation allemande, les collaborateurs parisiens, le gouvernement de Vichy pour Desnos, Pétain est le "Maréchal Ducono". Il s'attire la haine de l'écrivain Céline et du journaliste Alain Laubreaux. Au camp de Flöha, Desnos dira à André Bessière, son compagnon de déportation "J'ai trop déblatéré sur les Allemands, sur les collabos, sur le gouvernement de Vichy, sur les idolâtres du Maréchal et j'ai même tapé sur la gueule d'un baveux... un journaliste bien connu, grand cireur de pompes des boches." Le soir de son arrestation, Desnos est conduit à la prison de Fresnes. Cellule 355. Les 4 et 5 mars, il est interrogé au siège de la Gestapo, rue des Saussaies. Le 20 mars, il est transféré au Frontstalag 122, camp d'internement à Compiègne Royallieu, d'où partent les convois de déportés pour les camps de concentration en Allemagne. Au Frontstalag, dans le bâtiment A6, Desnos est le matricule Il y retrouve André Verdet et fait la connaissance d'un jeune résistant de 17 ans, André Bessière. Il organise avec les autres internés des conférences sur le surréalisme, des jeux spectacles, il écrit le poème "Sol de Compiègne". Au cours de trois voyages de Paris à Compiègne en train le troisième voyage dure 12 h à cause des bombardements sur les voies ferrées,Youki parvient à faire passer à Desnos des colis de vivres. Elle réussit même à lui rendre visite, le 20 avril. Le 26 avril, les internés sont rassemblés pour un appel les désignant pour le convoi de déportation du lendemain. Desnos, Bessière, Verdet font partie des 1700 déportés qui se dirigent en colonne, le 27 avril à 6h45, vers la gare de Compiègne. Youki et d'autres compagnes et parents de détenus sont à Compiègne pour un dernier adieu, devant le pont de bois qui enjambe l'Oise. Arrivés à la gare de marchandises, les déportés sont entassés à cent vingt par wagon. Les consignes données par les gardiens "Evasion sévèrement réprimée... Une tentative, tassés à deux cents par wagon complètement nus... Un évadé, dix fusillés choisis dans le wagon ; deux, tout le wagon fusillé." Quatre jours de voyage, les déportés souffrent de la faim, de la soif, les plus faibles meurent avant d'arriver à destination. Le convoi atteint Auschwitz le soir du 30 avril. Desnos est le matricule On ne sait pas pourquoi un convoi de déportés politiques a d'abord été dirigé sur Auschwitz-Birkenau, camp de concentration et d'extermination en Pologne, avant d'être dirigé plusieurs jours après vers Buchenwald, camp de concentration en Allemagne. La première destination, Auschwitz, a-t-elle été délibérément choisie en représailles à l'exécution du collaborateur Pierre Pucheu, condamné à mort par le tribunal militaire de la France Libre à Alger, au mois de mars ? Ce convoi est connu sous les noms de "convoi Pucheu" et de "convoi des Tatoués". Le 12 mai, départ des survivants du convoi des tatoués pour Buchenwald ; arrivée du convoi le 14 mai. A Buchenwald, block 56, Desnos est le matricule Le 23 mai, un nouveau convoi est organisé vers Flossenbürg, au nord-ouest de Nuremberg en Haute Bavière, près de la frontière tchécoslovaque. Desnos ne cherche pas à s'y soustraire, alors qu'il aurait pu obtenir de rester à Buchenwald, comme son ami Verdet. A Flossenbürg, où les déportés travaillent dans le carrière de granit et les usines souterraines, Desnos est le matricule Le 2 juin, nouveau convoi, nouvelle destination. Arrivée de 191 déportés du convoi des Tatoués au kommando de travail de Flöha, camp annexe de Flossenbürg, au nord de Chemnitz, en Saxe. Le camp de Flöha abrite une usine textile reconvertie dans la fabrication de fuselages d'avions. Desnos, peu apte aux travaux d'atelier, est affecté au balayage et à la maintenance. Il est le voisin de paillasse d'André Bessière. Il peut écrire trois lettres à Youki, en juin, en juillet 1944 , la dernière en janvier 1945. Les déportés doivent écrire ou faire écrire les lettres en allemand. Il reçoit de Youki des colis de vivres. A Flöha, les dures conditions de vie et de travail appel le matin à 04h, travail aux ateliers de 06h à 18h, pauses à 09h et 12h ; couvre feu à 21h après l'interminable appel du soir sont aggravées par la brutalité et le sadisme des kapos, les tensions entre déportés français et déportés russes et polonais, les poux, la faim, la dysenterie et la tuberculose. Un jour de mars 45, Desnos est battu et fouetté pour avoir jeté la soupe brûlante au visage du favori des kapos, qui servait une trop faible ration. Desnos organise pour ses camarades des séances d'oniromancie interprétation des rêves, consultation "clé des songes" tous les mois, ce qu'il faisait déjà pour des émissions de radio avant-guerre et de chiromancie les lignes de la main. A l'automne 1944 , Desnos écrit sur de petits carrés de papier, qu'il conserve dans une boîte en fer, des poèmes surréalistes, ainsi que l'ébauche d'une nouvelle oeuvre, le "Cuirassier nègre". Au même moment, en octobre 1944, dans Paris libéré depuis le mois d'août, le poème "Le veilleur du Pont-au-Change" est acclamé par les participants d'une soirée en hommage aux poètes de la résistance, au Théâtre français, en présence du général De Gaulle. Le nom de l'auteur du poème, prisonnier dans les camps en Allemagne, n'est pas révélé. Le 14 avril 1945, les troupes américaines s'approchent de Flöha. Les gardiens organisent l'évacuation du camp, c'est le départ de la marche de la mort pour quelque 700 déportés. Au cours de cette marche, un groupe de 56 déportés épuisés est massacré. Après 15 jours, il ne reste que 300 survivants. Desnos est malade, atteint de dysenterie. Il est agressé au cours d'une halte par des déportés russes et perd la boîte qui contenait ses derniers écrits, poèmes et ébauche du "Cuirassier nègre". Le 8 mai, les survivants parviennent à Theresienstadt Terezin, forteresse et camp de concentration en Tchécoslovaquie. Dix-huit mille juifs qui étaient encore internés à Theresiensdtadt ont été déportés et exterminés à Auschwitz-Birkenau en septembre-octobre 1944. Fin avril-début mai 1945, le camp se remplit de nouveaux déportés évacués des camps d'Allemagne. Du 2 au 5 mai, à l'approche de l'armée soviétique, les Allemands se retirent de Theresienstadt, le camp est pris en charge par la Croix-Rouge. Les Soviétiques arrivent le 8 mai, le jour de la capitulation allemande. Une épidémie de typhus s'est déclarée parmi les 14 à déportés alors présents à Terezin. Les rescapés de Flöha sont dirigés vers la Petite Forteresse, mais Desnos malade est conduit à l'infirmerie, puis, vers le 20 mai, à l'hôpital militaire russe. Dans la nuit du 3 au 4 juin, l'infirmier tchèque Josef Stuna remarque le nom de Desnos, dont il connaît les poèmes, sur la liste des malades d'une baraque de l'hôpital auxiliaire. Stuna et son assistante Alena Tesarova demandent au malade, en français - Connaissez-vous le poète Desnos ? - Oui oui ! Robert Desnos, poète français! C'est moi... C'est moi ! Desnos dit de ce matin là, où il sort de l'anonymat des déportés "c'est... mon matin.... le plus... matinal". Alena Tesarova "De son travail dans la résistance il ne nous entretint qu'une fois, nous avouant que les nazis n'avaient pas appris son plus important crime". A. Tesarova, "A la mémoire de Desnos", in "Signes du temps n°5", 1950 ; repris dans "L'Herne", 1987 Mais Desnos est au bout de ses forces, il meurt le 8 juin à 05h30. Stuna obtient que le corps de Desnos soit incinéré individuellement. Il recueille les cendres et les remet, avec la monture de lunettes, à l'aumonier français du camp. L'urne et les lunettes seront déposées à l'ambassade de France à Prague. Le 1er juillet, le journal tchèque Svobodne Noviny annonce la mort de Desnos. Youki apprend la nouvelle vers le 14 juillet, par une traduction de l'article. La presse française confirme la mort de Desnos le 6 août. 14 octobre, Prague, cérémonie de remise des cendres. 24 octobre, obsèques à Paris, à l'église Saint-Germain-des-Prés. Les cendres sont déposées au cimetière Montparnasse dans le caveau de famille."Ce que j'écris ici ou ailleurs n'intéressera sans doute dans l'avenir que quelques curieux espacés au long des années. Tous les 25 ou 30 ans on exhumera dans des publications confidentielles mon nom et quelques extraits toujours les mêmes. Les poèmes pour enfants auront survécu un peu plus longtemps que le reste. J'appartiendrai au chapitre de la curiosité limitée.. Mais cela durera plus longtemps que beaucoup de paperasses contemporaines"feuillets personnels de Robert Desnos, notes du 8 février 1944sources Youki Desnos Les confidences de Youki Fayard, 1999 André Bessière Destination Auschwitz avec Robert Desnos L'Harmattan, 2001
Aucours de cette cérémonie plusieurs textes ont été lus : un message commun des associations patriotiques par le président de l'UDAC56; l'ordre du jour n°9 du général de LATTRE de TASSIGNY et deux poèmes — "Liberté" de Paul ÉLUARD et "Ce cœur qui haïssait la guerre" de Robert DESNOS — par les élèves de troisième du collège de Rhuys et les jeunes en "Contrat
Texte 1 Ce coeur qui haïssait la guerre voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ! Ce coeur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine Et qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent, Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne, Comme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au combat. Ecoutez, je l'entends qui me revient renvoyé par les échos. Mais non, c'est le bruit d'autres coeurs, de millions d'autres coeurs battant comme le mien à travers la France. Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces coeurs, Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaises Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! Pourtant ce coeur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères Et des millions de Français se préparent dans l'ombre à la besogne que l'aube proche leur imposera, Car ces coeurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit. R. DESNOS 1900-1945, Destinée arbitraire , publication posthume en 1975. Editions Gallimard Texte 2 Je n'aime pas la guerre. Je n'aime aucune sorte de guerre. Ce n'est pas par sentimentalité. Je suis resté quarante-deux jours devant le fort de Vaux1 et il est difficile de m'intéresser à un cadavre désormais. Je ne sais pas si c'est une qualité ou un défaut c'est un fait. Je déteste la guerre. Je refuse de faire la guerre pour la seule raison que la guerre est inutile. Oui, ce simple petit mot. Je n'ai pas d'imagination. Pas horrible non, inutile simplement. Ce qui me frappe dans la guerre ce n'est pas son horreur c'est son inutilité. Vous me direz que cette inutilité précisément est horrible. Oui, mais par surcroît. Il est impossible d'expliquer l'horreur de quarante-deux jours d'attaque devant Verdun à des hommes qui, nés après la bataille, sont maintenant dans la faiblesse et dans la force de la jeunesse. Y réussirait-on qu'il y a pour ces hommes neufs une sorte d'attrait dans l'horreur en raison même de leur force physique et de leur faiblesse. Je parle de la majorité. Il y a toujours, évidemment, une minorité qui fait son compte et qu'il est inutile d'instruire. La majorité est attirée par l'horreur elle se sent capable d'y vivre et d'y mourir comme les autres elle n'est pas fâchée qu'on la force à en donner la preuve. Il n'y a pas d'autre vraie raison à la continuelle acceptation de ce qu'après on appelle le martyre et le sacrifice. Vous ne pouvez pas leur prouver l'horreur. ... L'horreur s'efface. Et j'ajoute que, malgré toute son horreur, si la guerre était utile il serait juste de l'accepter. Mais la guerre est inutile et son inutilité est évidente. L'inutilité de toutes les guerres est évidente. Qu'elles soient défensives, offensives, civiles, pour la paix, le droit pour la liberté, toutes les guerres sont inutiles. La succession des guerres dans l'histoire prouve bien qu'elles n'ont jamais conclu puisqu'il a toujours fallu recommencer les guerres. La guerre de 1914 a d'abord été pour nous, Français une guerre dite défensive. Nous sommes-nous défendus ? Non, nous avons vécu depuis des temps pareillement injustes. Elle devait être la dernière des guerres elle était la guerre à tuer la guerre. L'a-t-elle fait ? Non. On nous prépare de nouvelles guerres ; elle n'a pas tué la guerre ; elle n'a tué que des hommes inutilement. La guerre civile d'Espagne n'est pas encore finie qu'on aperçoit déjà son évidente inutilité. Je consens à faire n'importe quel travail utile, même au péril de ma vie. Je refuse tout ce qui est inutile et en premier lieu toutes les guerres car c'est un travail dont l'inutilité pour l'homme est aussi claire que le soleil. J. GIONO, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, parue en 1938 et reprise dans le recueil Ecrits pacifistes publié par les éditions GallimardNote 1 Fort situé sur un éperon des hauts de Meuse, au sud du village de Vaux-devant-Damloup, dominant Verdun. Il succomba après une héroïque résistance le 7 juin 1916, mais il fut réoccupé par les Français du Général Mangin le 2 novembre suivant. QUESTIONS 1. Relevez quelques indices de la présence de l'auteur dans chacun des deux textes. Quels autres indices marquent le passage de l'individuel au collectif ? 2. Quelle est la thèse formulée par GIONO ? Enumérez les arguments sur lesquels elle s'appuie. 3. Quels sont les moyens de persuasion utilisés par les deux écrivains ? TRAVAIL D'ECRITUREMontrez, en vous appuyant sur les deux textes, en quoi les positions de DESNOS et de GIONO divergent, en quoi elles peuvent se - FICHE SIGNALETIQUE Difficulté du sujet relativement du sujet sujet abordés la guerre, son utilité, ses dangers, la différence entre guerre défensive et requises l'analyse du texte argumentatif, l'étude des indices, arguments, connecteurs demandées étude des indices d'énonciation, analyse des thèses, mise en valeur de l'argumentation, étude des moyens de persuasion utilisés par les deux écrivains, opposition et rapprochement des deux thèses. II - REACTIONS A CHAUD DU CORRECTEUR Il s'agit d'un sujet assez technique, mais le choix du thème est assez judicieux. En effet, on voit que les opinions divergent à propos de la guerre et de son utilité mais que le problème est très complexe. Ni GIONO, ni DESNOS, contemporains des deux dernières guerres mondiales, et victime pour DESNOS, mort en déportation, n'apporte de réponse définitive, ce qui paraît impossible dans ce domaine précis. C'est un sujet qui ne peut laisser indifférent, encore ,hélas, d'actualité. III - TRAITEMENT POSSIBLE DU SUJET A - QUESTIONS 1 - Indices de la présence de l'auteur dans les deux textes Texte de DESNOS - Adjectifs démonstratifs ce "coeur", ce "sang", en anaphore, rapportant au coeur et au sang du locuteur. - Emploi du pronom personnel sujet et complément de première personne je, me, moi. - Emploi de la deuxième personne du pluriel dans l'impératif, illustrant un dialogue entre le locuteur et le lecteur, qui est ainsi pris à témoin. - Références historiques précises, installant un contexte historique précis, dans lequel vit l'auteur Hitler, France, Français... Texte de GIONO - Emploi du pronom personnel sujet et complément de première personne du singulier. - Emploi du style indirect libre. - Emploi de la première personne du pluriel impliquant les interlocuteurs qui sont les Français, contemporains, à l'aube de la deuxième Guerre Mondiale et pendant la Guerre d'Espagne. - Référence à la guerre de 14, "la der des der", que GIONO a vécue de même. Dans les deux textes, les indices qui marquent le passage de l'individuel au collectif sont le passage de la première personne du singulier aux deuxième et première personnes du pluriel, puisque les deux auteurs prennent à témoins leurs lecteurs contemporains. On notera le recours fréquent à l'impératif, à l'apostrophe, aux phrases courtes, sur un ton très catégorique, surtout chez - Thèse de GIONO Opposé à la guerre, viscéralement et humainement, l'auteur considère cependant que la guerre est parfois inévitable. Il faut se rappeler que nous sommes en 39 et que le problème qui se pose aux intellectuels de l'époque est vivre à la botte du fascisme hitlérien ou engager une guerre défensive. GIONO défend cette dernière position, bien qu'elle soit d'un choix douloureux. "Pourtant ce coeur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, mais un seul mot "Liberté" a suffi à réveiller les vieilles colères"3 - Moyens de persuasion utilisés par les deux écrivains - La prise à parti du lecteur, comme on l'a vu dans la question 1, - L'illustration par des faits précis contemporains auxquels nul ne peut être indifférent, - Un langage lyrique chez DESNOS, polémique chez GIONO, d'une rare violence. - Abondance des questions rhétoriques. - Emploi systématique d'indépendantes et de phrases nominales. Exclamatives très nombreuses. - Elargissement de la réflexion des deux auteurs sur la condition humaine et le problème du choix, de l'engagement, du poids de l'histoire sur les nations et les individus. B - TRAVAIL D'ECRITURE Il s'agissait de comparer les deux textes en mettant en valeur d'abord les divergences puis les aspects par lesquels ils se rejoignent. Il fallait montrer notamment que DESNOS, contrairement à GIONO, accepte, à contre-coeur, le concept de guerre défensive, qu'il justifie dans ce contexte précis. GIONO rejette toute forme de guerre. Cependant, les deux auteurs s'accordent sur l'idée de l'absurdité de la guerre, même inévitable, et sur les ravages qu'ils pressentent à l'aube de la deuxième guerre mondiale. En somme, ce débat entre les deux auteurs est l'illustration des polémiques vives que l'on connut à cette époque entre les partisans irréductibles de la Paix, à tout prix et les individus lucides des nécessités historiques. IV - CONNAISSANCES REQUISES - Il fallait bien dominer les techniques de l'analyse indices d'énonciation, stratégie argumentative, opposition et rapprochement de thèses. - Connaître GIONO et DESNOS, le contexte historique la guerre d'Espagne et le début de la deuxième Guerre Mondiale pouvait aider à traiter le sujet, sachant que les deux auteurs ont été impliqués directement dans le conflit. V - LES FAUSSES PISTES Dans le travail d'écriture, on ne vous demandait pas votre opinion personnelle sur le sujet. Il suffisait de confronter les deux thèses en dégageant leurs points communs et différences, en toute neutralité. Dans le questionnaire, il fallait de même s'interdire tout commentaire personnel sur telle ou telle affirmation, et se contenter de procéder à l'analyse des indices d'énonciation, du passage de l'individuel au collectif.
MarionBierry, Sandrine Molaro, Vincent Heden et Alexandre Bierry rendent hommage à Robert Desnos et disent le rire, l’émotion, la légèreté et l’humour de ce poète assassiné par la guerre que son cœur haïssait.
Si vous souhaitez lire ou relire les poèmes français les plus célèbres et les plus beaux sur le thème de la guerre, vous êtes au bon endroit. Bien que l’art soit subjectif, j’ai tenté de sélectionner des poèmes incontournables en me basant sur mes préférences personnelles et leur présence dans plusieurs anthologies de la poésie française que j’ai pu lire. Parmi les poèmes les plus célèbres sur le thème de la guerre, il faut citer Liberté de Paul Éluard poème résistant, Le dormeur du Val d'Arthur Rimbaud inspiré de la bataille de Sedan, Après la bataille de Victor Hugo, Le cor d'Alfred de Vigny et Ce cœur qui haïssait la guerre de Robert Desnos. Voici le meilleur de la poésie sur la guerre. La poésie vous détend, vous inspire, vous motive ? J'offre le contenu de ce site sans publicité. 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Sur mes cahiers d'écolierSur mon pupitre et les arbresSur le sable sur la neigeJ'écris ton nom Sur toutes les pages luesSur toutes les pages blanchesPierre sang papier ou cendreJ'écris ton nom Sur les images doréesSur les armes des guerriersSur la couronne des roisJ'écris ton nom Sur la jungle et le désertSur les nids sur les genêtsSur l'écho de mon enfanceJ'écris ton nom Sur les merveilles des nuitsSur le pain blanc des journéesSur les saisons fiancéesJ'écris ton nom Sur tous mes chiffons d'azurSur l'étang soleil moisiSur le lac lune vivanteJ'écris ton nom Sur les champs sur l'horizonSur les ailes des oiseauxEt sur le moulin des ombresJ'écris ton nom Sur chaque bouffée d'auroreSur la mer sur les bateauxSur la montagne démenteJ'écris ton nom Sur la mousse des nuagesSur les sueurs de l'orageSur la pluie épaisse et fadeJ'écris ton nom Sur les formes scintillantesSur les cloches des couleursSur la vérité physiqueJ'écris ton nom Sur les sentiers éveillésSur les routes déployéesSur les places qui débordentJ'écris ton nom Sur la lampe qui s'allumeSur la lampe qui s'éteintSur mes maisons réuniesJ'écris ton nom Sur le fruit coupé en deuxDu miroir et de ma chambreSur mon lit coquille videJ'écris ton nom Sur mon chien gourmand et tendreSur ses oreilles dresséesSur sa patte maladroiteJ'écris ton nom Sur le tremplin de ma porteSur les objets familiersSur le flot du feu béniJ'écris ton nom Sur toute chair accordéeSur le front de mes amisSur chaque main qui se tendJ'écris ton nom Sur la vitre des surprisesSur les lèvres attentivesBien au-dessus du silenceJ'écris ton nom Sur mes refuges détruitsSur mes phares écroulésSur les murs de mon ennuiJ'écris ton nom Sur l'absence sans désirSur la solitude nueSur les marches de la mortJ'écris ton nom Sur la santé revenueSur le risque disparuSur l'espoir sans souvenirJ'écris ton nom Et par le pouvoir d'un motJe recommence ma vieJe suis né pour te connaîtrePour te nommer Liberté. Le dormeur du Val - Arthur Rimbaud Le Dormeur du Val 1870 est le poème plus beau et célèbre d'Arthur Rimbaud. Ce sonnet en Alexandrins issu du second Cahier de Douai est inspiré par la bataille de Sedan. Il décrit un jeune soldat tranquille au milieu de la nature accueillante. La fin dramatique nous apprend que l'homme est mort. C'est un trou de verdure où chante une rivière,Accrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme Nature, berce-le chaudement il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Après la bataille - Victor Hugo Mon père, ce héros au sourire si doux,Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tousPour sa grande bravoure et pour sa haute taille,Parcourait à cheval, le soir d'une bataille,Le champ couvert de morts sur qui tombait la lui sembla dans l'ombre entendre un faible un Espagnol de l'armée en dérouteQui se traînait sanglant sur le bord de la route,Râlant, brisé, livide, et mort plus qu'à qui disait À boire! à boire par pitié ! »Mon père, ému, tendit à son housard fidèleUne gourde de rhum qui pendait à sa selle,Et dit Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. »Tout à coup, au moment où le housard baisséSe penchait vers lui, l'homme, une espèce de maure,Saisit un pistolet qu'il étreignait encore,Et vise au front mon père en criant Caramba ! »Le coup passa si près que le chapeau tombaEt que le cheval fit un écart en arrière. Donne-lui tout de même à boire », dit mon père. 1er janvier - Victor Hugo Enfant, on vous dira plus tard que le grand-pèreVous adorait ; qu'il fit de son mieux sur la terre,Qu'il eut fort peu de joie et beaucoup d'envieux,Qu'au temps où vous étiez petits il était vieux,Qu'il n'avait pas de mots bourrus ni d'airs moroses,Et qu'il vous a quittés dans la saison des roses ;Qu'il est mort, que c'était un bonhomme clément ;Que, dans l'hiver fameux du grand bombardement,Il traversait Paris tragique et plein d'épées,Pour vous porter des tas de jouets, des poupées,Et des pantins faisant mille gestes bouffons ;Et vous serez pensifs sous les arbres profonds. La Trebbia - José Maria de Heredia L'aube d'un jour sinistre a blanchi les camp s'éveille. En bas roule et gronde le fleuveOù l'escadron léger des Numides s' sonne l'appel clair des buccinateurs. Car malgré Scipion, les augures menteurs,La Trebbia débordée, et qu'il vente et qu'il pleuve,Sempronius Consul, fier de sa gloire neuve,A fait lever la hache et marcher les licteurs. Rougissant le ciel noir de flamboîments lugubres,A l'horizon, brûlaient les villages Insubres ;On entendait au loin barrir un éléphant. Et là-bas, sous le pont, adossé contre une arche,Hannibal écoutait, pensif et triomphant,Le piétinement sourd des légions en marche. Chanson de Barberine - Alfred de Musset Beau chevalier qui partez pour la guerre,Qu'allez-vous faireSi loin d'ici ?Voyez-vous pas que la nuit est profonde,Et que le mondeN'est que souci ? Vous qui croyez qu'une amour délaisséeDe la penséeS'enfuit ainsi,Hélas ! hélas ! chercheurs de renommée,Votre fuméeS'envole aussi. Beau chevalier qui partez pour la guerre,Qu'allez-vous faireSi loin de nous ?J'en vais pleurer, moi qui me laissais direQue mon sourireÉtait si doux. Les tragiques - Théodore Agrippa d’Aubigné Livre I - Misères vers 97 à 130 Je veux peindre la France une mère affligée,Qui est, entre ses bras, de deux enfants plus fort, orgueilleux, empoigne les deux boutsDes tétins nourriciers ; puis, à force de coupsD'ongles, de poings, de pieds, il brise le partageDont nature donnait à son besson l'usage ;Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux,Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,Si que, pour arracher à son frère la vie,Il méprise la sienne et n'en a plus d' son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui,Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui,À la fin se défend, et sa juste colèreRend à l'autre un combat dont le champ et la les soupirs ardents, les pitoyables cris,Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,Si bien que leur courroux par leurs coups se conflit se rallume et fait si furieuxQue d'un gauche malheur ils se crèvent les femme éplorée, en sa douleur plus forte,Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants,Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont pressant à son sein d'une amour maternelleCelui qui a le droit et la juste querelle,Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas lasViole en poursuivant l'asile de ses se perd le lait, le suc de sa poitrine ;Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,Elle dit Vous avez, félons, ensanglantéLe sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;Or vivez de venin, sanglante géniture,Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture ! Demain - Robert Desnos Âgé de cent mille ans, j'aurais encor la forceDe t'attendre, ô demain pressenti par l' temps, vieillard souffrant de multiples entorses,Peut gémir Le matin est neuf, neuf est le soir. Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreilleÀ maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu. Or, du fond de la nuit, nous témoignons encoreDe la splendeur du jour et de tous ses nous ne dormons pas c'est pour guetter l'auroreQui prouvera qu'enfin nous vivons au présent. Ce cœur qui haïssait la guerre… - Robert Desnos Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu'il bat pour le combat et la bataille !Ce cœur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflentEt qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagneComme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au je l'entends qui me revient renvoyé par les non, c'est le bruit d'autres cœurs, de millions d'autres cœurs battant comme le mien à travers la battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaisesEt tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,Mais un seul mot Liberté a suffi à réveiller les vieilles colèresEt des millions de Français se préparent dans l'ombre à la besogne que l'aube proche leur ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit. Le cor - Alfred de Vigny Le Cor, publié dans le recueil Poèmes antiques et modernes 1826, est l'un des poèmes les plus beaux et célèbres d'Alfred de Vigny. Cette ballade en alexandrins divisée en quatre sections est inspirée de la Chronique des prouesses et faits d'armes de Charlemagne et du tableau La Mort de Roland. I J'aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois,Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille,Et que le vent du nord porte de feuille en feuille. Que de fois, seul, dans l'ombre à minuit demeuré,J'ai souri de l'entendre, et plus souvent pleuré !Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiquesQui précédaient la mort des Paladins antiques. Ô montagnes d'azur ! ô pays adoré !Rocs de la Frazona, cirque du Marboré,Cascades qui tombez des neiges entraînées,Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ; Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,Dont le front est de glace et le pied de gazons !C'est là qu'il faut s'asseoir, c'est là qu'il faut entendreLes airs lointains d'un Cor mélancolique et tendre. Souvent un voyageur, lorsque l'air est sans bruit,De cette voix d'airain fait retentir la nuit ;À ses chants cadencés autour de lui se mêleL'harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle. Une biche attentive, au lieu de se cacher,Se suspend immobile au sommet du rocher,Et la cascade unit, dans une chute immense,Son éternelle plainte au chant de la romance. Ames des Chevaliers, revenez-vous encor ?Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ?Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre valléeL'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée ! II Tous les preux étaient morts, mais aucun n'avait reste seul debout, Olivier près de lui,L'Afrique sur les monts l'entoure et tremble encore. Roland, tu vas mourir, rends-toi, criait le More ; Tous tes Pairs sont couchés dans les eaux des torrents. »Il rugit comme un tigre, et dit Si je me rends, Africain, ce sera lorsque les Pyrénées Sur l'onde avec leurs corps rouleront entraînées. » Rends-toi donc, répond-il, ou meurs, car les du plus haut des monts un grand rocher bondit, il roula jusqu'au fond de l'abîme,Et de ses pins, dans l'onde, il vint briser la cime. Merci, cria Roland, tu m'as fait un chemin. »Et jusqu'au pied des monts le roulant d'une main,Sur le roc affermi comme un géant s'élance,Et, prête à fuir, l'armée à ce seul pas balance. III Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preuxDescendaient la montagne et se parlaient entre l'horizon déjà, par leurs eaux signalées,De Luz et d'Argelès se montraient les vallées. L'armée applaudissait. Le luth du troubadourS'accordait pour chanter les saules de l'Adour ;Le vin français coulait dans la coupe étrangère ;Le soldat, en riant, parlait à la bergère. Roland gardait les monts ; tous passaient sans nonchalamment sur un noir palefroiQui marchait revêtu de housses violettes,Turpin disait, tenant les saintes amulettes Sire, on voit dans le ciel des nuages de feu ; Suspendez votre marche; il ne faut tenter Dieu. Par monsieur saint Denis, certes ce sont des âmes Qui passent dans les airs sur ces vapeurs de flammes. Deux éclairs ont relui, puis deux autres encor. »Ici l'on entendit le son lointain du étonné, se jetant en arrière,Suspend du destrier la marche aventurière. Entendez-vous ! dit-il. - Oui, ce sont des pasteurs Rappelant les troupeaux épars sur les hauteurs, Répondit l'archevêque, ou la voix étouffée Du nain vert Obéron qui parle avec sa Fée. » Et l'Empereur poursuit ; mais son front soucieuxEst plus sombre et plus noir que l'orage des craint la trahison, et, tandis qu'il y songe,Le Cor éclate et meurt, renaît et se prolonge. Malheur ! c'est mon neveu ! malheur! car si Roland Appelle à son secours, ce doit être en mourant. Arrière, chevaliers, repassons la montagne ! Tremble encor sous nos pieds, sol trompeur de l'Espagne ! IV Sur le plus haut des monts s'arrêtent les chevaux ;L'écume les blanchit ; sous leurs pieds, RoncevauxDes feux mourants du jour à peine se l'horizon lointain fuit l'étendard du More. Turpin, n'as-tu rien vu dans le fond du torrent ? J'y vois deux chevaliers l'un mort, l'autre expirant Tous deux sont écrasés sous une roche noire ; Le plus fort, dans sa main, élève un Cor d'ivoire, Son âme en s'exhalant nous appela deux fois. » Dieu ! que le son du Cor est triste au fond des bois ! Les imprécations de Camille - Pierre Corneille Horace, Acte 4, scène 5 Rome, l'unique objet de mon ressentiment !Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant !Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore !Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore !Puissent tous ses voisins ensemble conjurésSaper ses fondements encor mal assurés !Et si ce n'est assez de toute l'Italie,Que l'Orient contre elle à l'Occident s'allie ;Que cent peuples unis des bouts de l'universPassent pour la détruire et les monts et les mers !Qu'elle même sur soi renverse ses murailles,Et de ses propres mains déchire ses entrailles !Que le courroux du Ciel allumé par mes vœuxFasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,Voir le dernier Romain à son dernier soupir,Moi seule en être cause et mourir de plaisir ! Récit de Rodrigue - Pierre Corneille Le Cid, acte 4, scène 3 Sous moi donc cette troupe s'avance,Et porte sur le front une mâle partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfortNous nous vîmes trois mille en arrivant au port,Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,Les plus épouvantés reprenaient de courage !J'en cache les deux tiers, aussitôt qu'arrivés,Dans le fond des vaisseaux qui lors furent trouvés ;Le reste, dont le nombre augmentait à toute heure,Brûlant d'impatience, autour de moi demeure,Se couche contre terre, et sans faire aucun bruitPasse une bonne part d'une si belle mon commandement la garde en fait de même,Et se tenant cachée, aide à mon stratagème ;Et je feins hardiment d'avoir reçu de vousL'ordre qu'on me voit suivre et que je donne à obscure clarté qui tombe des étoilesEnfin avec le flux nous fait voir trente voiles ;L'onde s'enfle dessous, et d'un commun effortLes Maures et la mer montent jusques au les laisse passer ; tout leur parait tranquille ;Point de soldats au port, point aux murs de la profond silence abusant leurs esprits,Ils n'osent plus douter de nous avoir surpris ;Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent,Et courent se livrer aux mains qui les nous levons alors, et tous en même tempsPoussons jusques au ciel mille cris nôtres, à ces cris, de nos vaisseaux répondent ;Ils paraissent armés, les Maures se confondent,L'épouvante les prend à demi descendus ;Avant que de combattre ils s'estiment couraient au pillage, et rencontrent la guerre ;Nous les pressons sur l'eau, nous les pressons sur terre,Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang,Avant qu'aucun résiste ou reprenne son bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient,Leur courage renait, et leurs terreurs s'oublient La honte de mourir sans avoir combattuArrête leur désordre, et leur rend leur nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges ;De notre sang au leur font d'horribles la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port,Sont des champs de carnage où triomphe la combien d'actions, combien d'exploits célèbresSont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres,Où chacun, seul témoin des grands coups qu'il donnait,Ne pouvait discerner où le sort inclinait !J'allais de tous côtés encourager les nôtres,Faire avancer les uns et soutenir les autres,Ranger ceux qui venaient, les pousser à leur tour,Et ne l'ai pu savoir jusques au point du enfin sa clarté montre notre avantage ;Le Maure voit sa perte, et perd soudain courage Et voyant un renfort qui nous vient secourir,L'ardeur de vaincre cède à la peur de gagnent leurs vaisseaux, ils en coupent les câbles,Poussent jusques aux cieux des cris épouvantables,Font retraite en tumulte, et sans considérerSi leurs rois avec eux peuvent se souffrir ce devoir leur frayeur est trop forte ;Le flux les apporta, le reflux les remporte ;Cependant que leurs rois, engagés parmi nous,Et quelque peu des leurs, tous percés de nos coups,Disputent vaillamment et vendent bien leur se rendre moi-même en vain je les convie Le cimeterre au poing ils ne m'écoutent pas ;Mais voyant à leurs pieds tomber tous leurs soldats,Et que seuls désormais en vain ils se défendent,Ils demandent le chef ; je me nomme, ils se vous les envoyai tous deux en même temps ;Et le combat cessa faute de combattants. L'idole - Auguste Barbier Ô Corse à cheveux plats ! que ta France était belleAu grand soleil de messidor !C'était une cavale indomptable et rebelle,Sans frein d'acier ni rênes d'or ;Une jument sauvage à la croupe rustique,Fumante encor du sang des rois,Mais fière, et d'un pied fort heurtant le sol antique,Libre pour la première aucune main n'avait passé sur ellePour la flétrir et l'outrager ;Jamais ses larges flancs n'avaient porté la selleEt le harnais de l'étranger ;Tout son poil était vierge, et, belle vagabonde,L'œil haut, la croupe en mouvement,Sur ses jarrets dressée, elle effrayait le mondeDu bruit de son parus, et sitôt que tu vis son allure,Ses reins si souples et dispos,Dompteur audacieux tu pris sa chevelure,Tu montas botté sur son comme elle aimait les rumeurs de la guerre,La poudre, les tambours battants,Pour champ de course, alors tu lui donnas la terreEt des combats pour passe-temps Alors, plus de repos, plus de nuits, plus de sommes,Toujours l'air, toujours le comme du sable écraser des corps d'hommes,Toujours du sang jusqu'au ans son dur sabot, dans sa course rapide,Broya les générations ;Quinze ans elle passa, fumante, à toute bride,Sur le ventre des nations ;Enfin, lasse d'aller sans finir sa carrière,D'aller sans user son chemin,De pétrir l'univers, et comme une poussièreDe soulever le genre humain ;Les jarrets épuisés, haletante, sans forceEt fléchissant à chaque pas,Elle demanda grâce à son cavalier corse ;Mais, bourreau, tu n'écoutas pas !Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse,Pour étouffer ses cris ardents,Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse,De fureur tu brisas ses dents ;Elle se releva mais un jour de bataille,Ne pouvant plus mordre ses freins,Mourante, elle tomba sur un lit de mitrailleEt du coup te cassa les reins. Consolation à Idalie sur la mort d'un parent - Tristan L’Hermite Puisque votre Parent ne s'est peu dispenséDe servir de victime au Démon de la guerre C'est, ô belle Idalie, une erreur de penserQue les plus beaux Lauriers soient exempts du tonnerre. Si la Mort connaissait le prix de la valeurOu se laissait surprendre aux plus aimables charmes,Sans doute que Daphnis garanti du malheur,En conservant sa vie, eût épargné vos larmes. Mais la Parque sujette à la Fatalité,Ayant les yeux bandés et l'oreille fermée,Ne sait pas discerner les traits de la Beauté,Et n'entend point le bruit que fait la Renommée. Alexandre n'est plus, lui dont Mars fut jaloux,César est dans la tombe aussi bien qu'un infâme Et la noble Camille aimable comme vous,Est au fond du cercueil ainsi qu'une autre femme. Bien que vous méritiez des devoirs si constants,Et que vous paraissiez si charmante et si sage,On ne vous verra plus avant qu'il soit cent ans,Si ce n'est dans mes vers qui vivront davantage. Par un ordre éternel qu'on voit en l'universLes plus dignes objets sont frêles comme verre,Et le Ciel embelli de tant d'Astres diversDérobe tous les jours des Astres à la Terre. Sitôt que notre esprit raisonne tant soit peuEn l'Avril de nos ans, en l'âge le plus tendre,Nous rencontrons l'Amour qui met nos cœurs en feu,Puis nous trouvons la Mort qui met nos corps en cendre. Le Temps qui, sans repos, va d'un pas si léger,Emporte avecque lui toutes les belles choses C'est pour nous avertir de le bien ménagerEt faire des bouquets en la saison des roses. Adieu à la Meuse - Charles Péguy Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance,Qui demeures aux prés, où tu coules tout adieu j'ai déjà commencé ma partanceEn des pays nouveaux où tu ne coules pas. Voici que je m'en vais en des pays nouveaux Je ferai la bataille et passerai les fleuves ;Je m'en vais m'essayer à de nouveaux travaux,Je m'en vais commencer là-bas les tâches neuves. Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce,Tu couleras toujours, passante accoutumée,Dans la vallée heureuse où l'herbe vive pousse, Ô Meuse inépuisable et que j'avais aimée. Tu couleras toujours dans l'heureuse vallée ;Où tu coulais hier, tu couleras ne sauras jamais la bergère en allée,Qui s'amusait, enfant, à creuser de sa mainDes canaux dans la terre, à jamais écroulés. La bergère s'en va, délaissant les moutons,Et la fileuse va, délaissant les que je m'en vais loin de tes bonnes eaux,Voici que je m'en vais bien loin de nos maisons. Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine,Ô Meuse inaltérable et douce à toute enfance,Ô toi qui ne sais pas l'émoi de la partance,Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais,Ô toi qui ne sais rien de nos mensonges faux, Ô Meuse inaltérable, ô Meuse que j'aimais, Quand reviendrai-je ici filer encor la laine ?Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous ?Quand nous reverrons-nous ? Et nous reverrons-nous ? Meuse que j'aime encore, ô ma Meuse que j'aime… Qaïn - Charles Marie René Leconte de Lisle En la trentième année, au siècle de l'épreuve,Étant captif parmi les cavaliers d'Assur,Thogorma, le Voyant, fils d'Elam, fils de Thur,Eut ce rêve, couché dans les roseaux du fleuve,A l'heure où le soleil blanchit l'herbe et le mur. Depuis que le Chasseur Iahvèh, qui terrasseLes forts et de leur chair nourrit l'aigle et le chien,Avait lié son peuple au joug assyrien,Tous, se rasant les poils du crâne et de la face,Stupides, s'étaient tus et n'entendaient plus rien. Ployés sous le fardeau des misères accrues,Dans la faim, dans la soif, dans l'épouvante assis,Ils revoyaient leurs murs écroulés et noircis,Et, comme aux crocs publics pendent les viandes crues,Leurs princes aux gibets des Rois incirconcis Le pied de l'infidèle appuyé sur la nuqueDes vaillants, le saint temple où priaient les aïeuxSouillé, vide, fumant, effondré par les pieux,Et les vierges en pleurs sous le fouet de l'eunuqueEt le sombre Iahvèh muet au fond des cieux. Or, laissant, ce jour-là, près des mornes aïeulesEt des enfants couchés dans les nattes de cuir,Les femmes aux yeux noirs de sa tribu gémir,Le fils d'Elam, meurtri par la sangle des meules,Le long du grand Khobar se coucha pour dormir. Les bandes d'étalons, par la plaine inondéeDe lumière, gisaient sous le dattier roussi,Et les taureaux, et les dromadaires aussi,Avec les chameliers d'Iran et de le Voyant, eut ce rêve. Voici C'était un soir des temps mystérieux du monde,Alors que du midi jusqu'au septentrionToute vigueur grondait en pleine éruption,L'arbre, le roc, la fleur, l'homme et la bête immondeEt que Dieu haletait dans sa création... Thogorma dans ses yeux vit monter des muraillesDe fer d'où s'enroulaient des spirales de toursEt de palais cerclés d'airain sur des blocs lourds ;Ruche énorme, géhenne aux lugubres entraillesOù s'engouffraient les Forts, princes des anciens jours. Ils s'en venaient de la montagne et de la plaine,Du fond des sombres bois et du désert sans fin,Plus massifs que le cèdre et plus hauts que le pin,Suants, échevelés, soufrant leur rude haleineAvec leur bouche épaisse et rouge, et pleins de faim. C'est ainsi qu'ils rentraient, l'ours velu des cavernesA l'épaule, ou le cerf, ou le lion les femmes marchaient, géantes, d'un pas lent,Sous les vases d'airain qu'emplit l'eau des citernes,Graves, et les bras nus, et les mains sur le flanc. Elles allaient, dardant leurs prunelles superbes,Les seins droits, le col haut, dans la sérénitéTerrible de la force et de la liberté,Et posant tour à tour dans la ronce et les herbesLeurs pieds fermes et blancs avec tranquillité... Puis, quand tout, foule et bruit et poussière mouvante,Eut disparu dans l'orbe immense des remparts,L'abîme de la nuit laissa de toutes partsSuinter la terreur vague et sourdre l'épouvanteEn un rauque soupir sous le ciel morne épars. Et le Voyant sentit le poil de sa peau rudeSe hérisser tout droit en face de cela,Car il connut, dans son esprit, que c'était làLa Ville de l'angoisse et de la solitude,Sépulcre de Qaïn au pays d'Hévila. [...] Prière pour le Roi Henri le Grand - François de Malherbe Pour le roi allant en Limousin. Ô Dieu, dont les bontés, de nos larmes touchées,Ont aux vaines fureurs les armes arrachées,Et rangé l'insolence aux pieds de la raison ;Puisqu'à rien d'imparfait ta louange n'aspire,Achève ton ouvrage au bien de cet empire,Et nous rends l'embonpoint comme la guérison ! Nous sommes sous un roi si vaillant et si sage,Et qui si dignement a fait l'apprentissageDe toutes les vertus propres à commander,Qu'il semble que cet heur nous impose silence,Et qu'assurés par lui de toute violenceNous n'avons plus sujet de te rien demander. Certes quiconque a vu pleuvoir dessus nos têtesLes funestes éclats des plus grandes tempêtesQu'excitèrent jamais deux contraires partis,Et n'en voit aujourd'hui nulle marque paraître,En ce miracle seul il peut assez connaîtreQuelle force a la main qui nous a garantis. Mais quoi ! de quelque soin qu'incessamment il veille,Quelque gloire qu'il ait à nulle autre pareille,Et quelque excès d'amour qu'il porte à notre bien,Comme échapperons-nous en des nuits si profondes,Parmi tant de rochers qui lui cachent les ondes,Si ton entendement ne gouverne le sien ? Un malheur inconnu glisse parmi les hommes,Qui les rend ennemis du repos où nous sommes La plupart de leurs vœux tendent au changement ;Et, comme s'ils vivaient des misères publiques,Pour les renouveler ils font tant de pratiques,Que qui n'a point de peur n'a point de jugement. En ce fâcheux état ce qui nous réconforte,C'est que la bonne cause est toujours la plus forte,Et qu'un bras si puissant t'ayant pour son appui,Quand la rébellion, plus qu'une hydre féconde,Aurait pour le combattre assemblé tout le monde,Tout le monde assemblé s'enfuirait devant lui. Conforme donc, Seigneur, ta grâce à nos pensées Ôte-nous ces objets qui des choses passéesRamènent à nos yeux le triste souvenir ;Et comme sa valeur, maîtresse de l'orage,À nous donner la paix a montré son courage,Fais luire sa prudence à nous l'entretenir. Il n'a point son espoir au nombre des armées,Étant bien assuré que ces vaines fuméesN'ajoutent que de l'ombre à nos qu'il veut avoir, c'est que tu le conseilles ;Si tu le fais, Seigneur, il fera des merveilles,Et vaincra nos souhaits par nos prospérités. Les fuites des méchants, tant soient-elles secrètes,Quand il les poursuivra n'auront point de cachettes ;Aux lieux les plus profonds ils seront éclairés II verra sans effet leur honte se produire,Et rendra les desseins qu'ils feront pour lui nuireAussitôt confondus comme délibérés. La rigueur de ses lois, après tant de licence,Redonnera le cœur à la faible innocenceQue dedans la misère on faisait ceux qui l'oppressaient il ôtera l'audace ;Et, sans distinction de richesse ou de race,Tous de peur de la peine auront peur de faillir. La terreur de son nom rendra nos villes fortes ;On n'en gardera plus ni les murs ni les portes ;Les veilles cesseront au sommet de nos tours ;Le fer, mieux employé, cultivera la terre ;Et le peuple, qui tremble aux frayeurs de la guerre,Si ce n'est pour danser n'aura plus de tambours. Loin des mœurs de son siècle il bannira les vices,L'oisive nonchalance et les molles délices,Qui nous avaient portés jusqu'aux derniers hasards ;Les vertus reviendront de palmes couronnées,Et ses justes faveurs aux mérites donnéesFeront ressusciter l'excellence des arts. La foi de ses aïeux, ton amour et ta crainte,Dont il porte dans l'âme une éternelle empreinte,D'actes de piété ne pourront l'assouvir ;II étendra ta gloire autant que sa puissance,Et, n'ayant rien si cher que ton obéissance,Où tu le fais régner il te fera servir. Tu nous rendras alors nos douces destinées ;Nous ne reverrons plus ces fâcheuses annéesQui pour les plus heureux n'ont produit que des sorte de biens comblera nos familles,La moisson de nos champs lassera les faucilles,Et les fruits passeront la promesse des fleurs. La fin de tant d'ennuis dont nous fûmes la proieNous ravira les sens de merveille et de joie ;Et, d'autant que le monde est ainsi composéQu'une bonne fortune en craint une mauvaise,Ton pouvoir absolu, pour conserver notre aise,Conservera celui qui nous l'aura causé. Quand un roi fainéant, la vergogne des princes,Laissant à ses flatteurs le soin de ses provinces,Entre les voluptés indignement s'endort,Quoique l'on dissimule on en fait peu d'estime ;Et, si la vérité se peut dire sans crime,C'est avecque plaisir qu'on survit à sa mort. Mais ce roi, des bons rois l'éternel exemplaireQui de notre salut est l'ange tutélaire,L'infaillible refuge et l'assuré secours,Son extrême douceur ayant dompté l'envie,De quels jours assez longs peut-il borner sa vie,Que notre affection ne les juge trop courts ? Nous voyons les esprits nés à la tyrannie,Ennuyés de couver leur cruelle manie,Tourner tous leurs conseils à notre affliction ;Et lisons clairement dedans leur conscienceQue, s'ils tiennent la bride à leur impatience,Nous n'en sommes tenus qu'à sa protection. Qu'il vive donc, Seigneur, et qu'il nous fasse vivre !Que de toutes ces peurs nos âmes il délivre,Et, rendant l'univers de son heur étonné,Ajoute chaque jour quelque nouvelle marqueAu nom qu'il s'est acquis du plus rare monarqueQue ta bonté propice ait jamais couronné ! Cependant son Dauphin d'une vitesse prompteDes ans de sa jeunesse accomplira le compte ;Et, suivant de l'honneur les aimables appas,De faits si renommés ourdira son histoire,Que ceux qui dedans l'ombre éternellement noireIgnorent le soleil ne l'ignoreront pas. Par sa fatale main qui vengera nos pertesL'Espagne pleurera ses provinces désertes,Ses châteaux abattus et ses camps déconfits ;Et si de nos discordes l'infâme vitupèreA pu la dérober aux victoires du père,Nous la verrons captive aux triomphes du fils. J’espère de cette sélection des poèmes les plus beaux et les plus connus sur la guerre vous a plu. Vous pouvez aussi consulter notre sélection de poèmes engagés contre la guerre si le sujet vous intéresse. 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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 0700 Robert Desnos Ce coeur qui haïssait la guerre Ce coeur qui haïssait la guerre voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ! Ce coeur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine. Et qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne Comme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au combat. Écoutez, je l'entends qui me revient renvoyé par les échos. Mais non, c'est le bruit d'autres coeurs, de millions d'autres coeurs battant comme le mien à travers la France. Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces coeurs, Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaises Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! Pourtant ce coeur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères Et des millions de Francais se préparent dans l'ombre à la besogne que l'aube proche leur imposera. Car ces coeurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit.
Destinéearbitraire - Desnos, Robert et des millions de romans en livraison rapide Choisir vos préférences en matière de cookies (1943-1944) État de veille Le bain avec Andromède Sens À la caille Ce coeur qui haïssait la guerre Réflexions sur la poésie Lettre à Youki . Biographie de l'auteur. Né avec le siècle, Robert Desnos rencontre Breton et Aragon avec qui il participe aux
ZINEDDINE Mohamed ? [34 msg envoyés ]Publié le2014-09-14 220646 Lu 1995 foisRubrique CPGE Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu'il bat pour le combat et la bataille !Ce cœur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haineEt qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne,Comme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au je l'entends qui me revient renvoyé par les non, c'est le bruit d'autres cœurs, de millions d'autres cœurs battant comme le mien à travers la battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaisesEt tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,Mais un seul mot Liberté a suffi à réveiller les vieilles colèresEt des millions de Français se préparent dans l'ombre à la besogne que l'aube proche leur ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour [et de la DESNOS 1900-1945, Destinée arbitraire, publication posthume en 1975. Sujets similairesLa boite à merveilles - langue les temps du récitSalut,Erreur de diagnostic!Salut tout le monde ^.^Capcités à évaluer pour chaque question. Voir des sujets similairesDerniers articles sur le forum
Aperçudu corrigé : Robert Desnos: Ce cœur qui haïssait la guerre (commentaire) Document transmis par : raphoux0505. Publié le : 9/12/2011-Format: Zoom . Robert Desnos est né en 1900 et mort en 1945. Poète surréaliste, adepte des jeux poétiques aux côtés de ses amis André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, il a eu sous hypnose la prémonition de son destin. Il s’est
Ce cœur qui haïssait la guerre Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ! Ce cœur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine. Et qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne Comme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au combat. Écoutez, je l'entends qui me revient renvoyé par les échos. Mais non, c'est le bruit d'autres cœurs, de millions d'autres cœurs battant comme le mien à travers la France. Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs, Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaises Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères Et des millions de Français se préparent dans l'ombre à la besogne que l'aube proche leur imposera. Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit. Robert Desnos. Poème extrait de L'honneur des poètes Minuit, 1946 et repris dans Domaine public 1953 par Poésie/Gallimard.
Ce cœur qui haïssait la guerre » R. Desnos [p. 36] Nom Prénom Classe Les Éditions de Minuit sont une maison d’édition française fondée clandestinement à Paris en 1941, en pleine occupation allemande, par Jean Bruller et Pierre de Lescure. Le premier livre publié est Le Silence de la mer de Vercors (pseudonyme de Bruller). La maison d’édition fonctionne de façon
Ils ont osé dire non ! SommaireLa Résistance entre à nouveau au Panthéon. Derrière cet hommage de la nation à quatre héros, que peut bien raconter de la France d’aujourd’hui cette célébration unanime ? La Résistance, forgée dans la clandestinité dans les années 1940, est-elle toujours vivante dans notre société en paix ? Pour Gilles Perrault, qui cite Lucie Aubrac, le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent. Pierre Nora refuse cette extension même s’il reconnaît aux militants anticoloniaux ou aux citoyens qui ont dénoncé la torture durant la guerre d’Algérie un esprit de résistance. Le mot de...Obéissance Robert Solé Je résiste, tu résistes, il résiste… On peut résister à la chaleur, à la faim ou à la douleur. Résister à l’envie de fumer ou de flanquer une gifle à un malotru. Résister au changement ou à l’ai… Parlons philoOui au Non Michel Onfray Résister, c’est dire non dans un monde où tout nous invite à dire oui. Résistant, le philosophe Diogène de Sinope qui, rencontrant Alexandre le Grand dans sa superbe, dit au maître de l’empire qui lui demandait n’importe que… Sommaire Inscrivez-vous ici pour recevoir le sommaire chaque semaine.
jouret de la nuit. Robert Desnos - L'Honneur des poètes - 1943 Grammaire et compétences langagières (15 pts) 1. « Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ! » Réécrivez le texte suivant en passant de « ce cœur » à « ces cœurs » et en conjuguant les verbes au futur de l’indicatif. Faites
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